Pouvez-vous tuer votre invité ? Très sérieuse question d’étiquette belge et anglaise.

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Pouvez-vous tuer votre invité ? Très sérieuse question d’ étiquette belge et anglaise.

 

Dernièrement, nous avions approfondit la définition de la noblesse grâce à Amélie Nothomb et à son roman Le Crime du compte Neville, paru aux éditions Albin Michel en 2015.

 

Aujourd’hui, confrontons son enseignement sur la réception en Belgique à celui d’Agatha Christie, lady du polar représentant le Royaume-Uni.

 

Découvrez d’abord cette scène, extraite du livre d’Amélie Nothomb.

Le compte Neville discute avec son ami sur les antécédents de meurtre lors de garden parties.

p.66

« — […] Il est plus rare que l’invité tue l’hôte : c’est plus difficilement défendable. Alors que l’hôte qui tue l’invité, tout le monde peut le comprendre.

— Tu veux dire qu’il n’y a pas eu de conséquence ?

— Que vas-tu imaginer ? La justice a sévi, bien sûr.

— Je voulais parler de l’opinion. Comment notre monde a-t-il traité ces assassins ?

— Notre monde a très bien compris et a continué de recevoir ces gens et leur famille.

Comment recevoir des personnes qui sont en prison ou sur l’échafaud ?

— En leur envoyant des cartons d’invitation à leur nom.

Ebahi, Henri garda le silence.

— J’ai encore besoin de tes lumières, reprit-il. Pour ces meurtres que tu as cités, y avait-il eu préméditation ?

— Non, évidemment.

— Pourquoi évidemment ?

— S’il y avait eu préméditation, notre monde eût trouvé cela inadmissible. Tuer un invité dans un instant de colère, cela sent sa classe, c’est chic. Préméditer l’assassinat d’un invité, c’est prouver, avec la dernière grossièreté, que l’on ignore l’art de recevoir. »

 

 

Autre dialogue entre le compte Neville et sa fille, adolescente suicidaire, qui demande à son père de la tuer :

p.89

« — L’horreur, en effet, mais pas l’indignité. Si tu me tues au cours de la garden-party, tout le monde verra en toi un monstre, mais personne ne jugera ton acte ignoble, au sens étymologique du terme. L’infanticide, c’est abject, ce n’est pas impoli. Tu n’auras pas commis d’impair. On te connaîtra encore, ainsi que ta femme et tes enfants.

— La belle affaire !

— Oui, la belle affaire. C’est ce qui t’importe le plus. Tu ne dois pas seulement être un bon père envers moi, tu dois aussi être un bon père envers Oreste et Electre, et un bon mari envers maman. Si tu tues un invité, on ne te connaîtra plus. Si tu me tues, on continuera de les recevoir. »

 

 

Conclusion : Peut-on tuer un invité ? Très sérieuse question d’étiquette belge et anglaise.

En Belgique, le fait d’éliminer son invité est légitimé par Amélie Nothomb. En Angleterre, cela est proscrit. Souvenez-vous de cet article sur l’argumentaire de défense d’une lady d’Agatha Christie. Elle affirmait que tuer son invité est interdit par l’étiquette, donc étant donné que le crime a eu lieu chez elle et que la victime était son invité : elle est innocente.

 

Leçon de bonnes manières à retenir : il vaut mieux pour notre vie accepter une invitation chez les Anglais que chez les Belges !

 

 

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