Célibataires, protocole et bienséance : quelles règles pour cette classe particulière ?

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Célibataires, protocole et bienséance : quelles règles pour cette classe particulière ?

 

 

Fort naïvement, je pensais que les célibataires étaient comme les non-célibataires, autrement dit comme les gens mariés.

Je pensais qu’il n’y avait pas de différenciation à faire pour eux du point des vue des bonnes manières.

Ce fut une grande surprise pour moi, lorsque je feuilletais mes manuels de savoir-vivre de plus de 50 ans, de découvrir que des chapitres entiers leur étaient consacrés. Ou alors que des nuances leur étaient systématiquement collées dans les grandes rubriques.

Après réflexion, je comprends cela. Je ne sais si un historien s’est déjà attelé à faire l’histoire du célibat ou l’histoire des célibataires. Cette étude, si elle paraît, aura toute mon intérêt.

 

En écrivant cet article, je pose donc déjà le premier constat : aujourd’hui, dans les années 2010, il n’y a plus une grande différenciation (du point de vue de la bienséance) entre célibataires et gens mariés.

Les manuels de savoir-vivre récents traitent de la galanterie, du processus de séduction, puis des fiançailles et du mariage, mais c’est tout. Le célibat comme état de vie n’est pas abordé. Trois explications possibles : 1/ il y a désormais confusion totale des styles de vie (donc pas de différence notable entre les uns et les autres), soit 2/ cette question n’intéresse plus personne (ironiquement j’ajoute « les lecteurs des manuels d’étiquette sont mariés, on écrit pour eux, car c’est eux les acheteurs ») ; 3/ le célibat peut être considéré comme une forme de disgrâce, et donc on n’aborde pas cette question « pas assez chic ».

 

Je pense que la première explication est la plus vraisemblable.

 

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Deuxième constat :

La femme célibataire ne vaut pas l’homme célibataire. Des règles différentes s’appliquent.

C’est bien. Le monde et les médias actuels tentent de faire de nous des êtres androgynes interchangeables.

J’aime cette différenciation très claire du monde de la courtoisie : les hommes et les femmes sont différents. Il y a des usages pour les uns et pour les autres.

 

 

Troisième constat :

Les veufs et les veuves retournent au groupe des célibataires à la mort de leur conjoint.

Toutefois, ils gardent certaines prérogatives.

 

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A présent, je vous reproduis l’extrait entier. C’est le chapitre 20 du livre Guide des Bons Usages dans la vie moderne, de Françoise de Quercize, paru aux éditions Larousse, à Paris, en 1952, p.217.

 

« Chapitre XX

Les célibataires

A partir de quel moment le jeune garçon, la jeune fille deviendront-ils des « célibataires » ? A l’âge où ils pourraient normalement être mariés, où ils ont pris leur indépendance et n’ont plus à compter sur leurs parents pour rendre à leur place les politesses qu’ils ont reçues.

 

Le monde et les célibataires (masculins).

On peut inviter un célibataire plus facilement qu’un ménage, même si on ne le connaît pas directement, même à la dernière minute, pour remplacer un ami empêché.

Toutefois, si un célibataire, invité deux fois, a refusé sans déposer sa carte ni manifester un regret dépassant la stricte politesse, n’insistez plus à l’avenir, car il n’a pas envie de venir chez vous. Très rapidement, une femme appelle un célibataire par son nom de famille : « Durand ». Si le nom comporte une particule, celle-ci ne se prononce pas. Ainsi, à Raoul de Louvel vous direz : « Louvel », jamais « de Louvel », et vous ne l’appellerez Raoul que beaucoup plus tard, quand vous souhaitez qu’à son tour il vous désigne par son prénom.

N’abusez pas de la complaisance du célibataire, qui n’osera pas vous refuser de faire le quatrième alors qu’il déteste le bridge, d’aller porter pour vous, avec sa voiture, un paquet encombrant, etc. Ne le harcelez pas d’entrevues et de propositions de jeunes filles à marier.

 

Théâtre. – Ne lui demandez pas de vous emmener au théâtre, alors que les places sont fort chères et qu’il se croira naturellement obligé de vous offrir les meilleures.

Les conditions de vie difficiles autorisent très bien une femme à payer sa place. Cela doit être établi à l’avance, et le remboursement sera discret, jamais en public.

Mais n’oubliez pas de le rembourser. Sinon, vous pourriez compromettre l’équilibre de son budget.

 

Restaurant. – Toutefois, il est fort difficile de ne pas le laisser régler l’addition au restaurant, même si vous le savez dans une situation modeste. Dans ces conditions, s’il vous a invitée, laissez-le faire. Sinon, ne vous imposez jamais.

Si, pour une raison impromptue, au cours d’un voyage, par exemple, vous vous trouvez amenée à partager la table d’un célibataire que vous connaissez, demandez-lui, à l’avance, de bien vouloir régler, à la condition expresse qu’il vous dise ensuite à combien s’élève votre part, et agissez simplement mais fermement, jamais devant témoin.

Si le célibataire est une relation toute neuve de voyage, dites au garçon : « Vous ferez deux additions, s’il vous plaît », et n’acceptez pas qu’il en soit autrement.

 

Les célibataires (masculins) et le monde

Ne vous croyez pas dispensé, parce que vous n’avez pas de foyer, de rendre les politesses que vous recevez, mais ne vous croyez pas obligé de le faire à chaque invitation. Sauf chez des intimes, ne faites pas porter de fleurs le jour de l’invitation.

Une fois, de temps en temps, et sous un prétexte quelconque : fête, nouvel an, ou sans raison précise, faites envoyer des fleurs ou des bonbons. Ne les apportez pas vous-même.

Si vos moyens vous le permettent, emmenez vos amis au théâtre, au restaurant, à une exposition… mais attention, cela ne supporte pas la médiocrité. Vous ne pouvez, alors, offrir que des fauteuils d’orchestre, des balcons ou des loges. Les fleurs sont, de ce fait, plus abordables.

Ne vous contentez pas de faire profiter vos amis des places gratuites dont vous disposez ; c’est très gentil, mais cela ne suffit pas et vous auriez rapidement la réputation d’être pingre.

 

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Étrennes. – N’omettez pas, au nouvel an, de glisser une étrenne dans la main de la domestique qui a cuisiné pour vous nombre de dîners chez vos amis, le dixième ou le vingtième du salaire mensuel normal, suivant vos possibilités.

 

Appellation. – N’appelez pas la maîtresse de maison par son prénom avant qu’elle vous ait convié à le faire.

 

Réception chez un célibataire. – Si vous avez un appartement, une domestique et que vous puissiez inviter chez vous, placez en face de vous, comme maîtresse de maison, soit la femme du couple avec lequel vous êtes le plus familier, soit la personne que vous voulez honorer.

Un célibataire ne va jamais voir une nouvelle accouchée : il lui fait envoyer des fleurs.

 

Les célibataires (féminins)

Elles ont désormais droit de cité, et la « veille fille » disparaît. Toutefois, n’oubliez pas qu’elles restent assez pointilleuses et surveillez votre conversation.

Mots et expressions à éviter :

Le terme « veille fille » en tout cas, même s’il ne s’applique pas à elle ;

Ne parlez pas étourdiment des « laissées pour compte » et n’abordez le sujet « mariage » qu’avec beaucoup de précautions ;

Ne vous arrêtez pas au milieu d’une anecdote un peu… gauloise, sous prétexte qu’il y a dans l’assistance des personnes qui ne sont pas mariées.

A table, les femmes mariées ont toujours la priorité sur les célibataires ; cependant, s’il s’agit d’une très jeune femme et d’une célibataire un peu mûre, n’hésitez pas à modifier le protocole, sans le souligner de paroles, cette dernière vous en sera reconnaissante.

Le plus il vous sera possible, traitez les célibataires comme les autres personnes, ne leur montrez pas qu’elles sont à part.

 

Les célibataires (féminins) et le monde.

Pour remercier des réceptions dont elle a été l’objet, la célibataire dispose des mêmes moyens que le célibataire : les fleurs, les bonbons, les invitations au théâtre, les cadeaux aux enfants. Toutefois, elle insistera plus sur la rubrique « enfant » que sur celle des « fleurs ». Elle pourra travailler de ses mains pour une naissance, proposer de rendre service à une maman qui l’a beaucoup reçue.

Si elle a un « chez soi », même petit, rien ne s’oppose à ce qu’elle invite des ménages. Elle fera asseoir en face d’elle sa meilleure amie, son frère ou un de ses cousins, jamais un célibataire étranger.

Elle peut aussi inviter au restaurant. Il faut, alors, qu’elle s’entende à l’avance avec le maître d’hôtel pour que l’addition ne lui soit pas présentée devant tout le monde, une femme ne devant absolument pas payer devant un homme en sa présence. Si elle est connue à ce restaurant, rien n’est plus facile, elle réglera le lendemain. Si elle n’y est pas connue, elle peut verser une somme provisionnelle et viendra, ensuite, terminer le règlement.

Ces repas doivent être simples, il serait de mauvais goût de les vouloir trop luxueux.

 

Les veuves et les divorcées se trouvent placées exactement devant les mêmes problèmes, la seule différence est qu’elles conservent leur préséance dans les présentations ou les places à table. »

 

 

2 comments

  1. Crécerelle says:

    Je propose une quatrième raison : c’est super compliqué!! Je n’ai pas tout suivi et ne serai probablement pas capable de l’appliquer lors de l’invitation d’un(e) célibataire.

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