Mariage d’une veuve et étiquette : que faut-il savoir ?

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Mariage d’une veuve et étiquette : que faut-il savoir ?

 

 

L’extrait suivant provient du manuel de savoir-vivre, Le Guide des convenances, de Liselotte, paru aux éditions P.Orsini, à Paris, vers 1901.

Les règles dictées ont donc déjà 120 ans. Davantage même, car un manuel de savoir-vivre codifie des règles déjà antérieures de 10 à 20 ans à sa date de rédaction.

 

p.141

Mariage d’une Veuve

Oui, veuve avec une majuscule !

 

« Mariage d’une Veuve

 

Ce n’est que dix mois après son deuil que la veuve peut se remarier, suivant un article du code ; le veuf, lui, peut se remarier tout de suite, mais les convenances exigent qu’il attende six mois au moins.

La veuve qui se remarie ne retire pas sa première alliance, elle met la seconde au-dessus de la première, au quatrième doigt de la main gauche.

La cérémonie du mariage de la veuve doit se faire sans éclat ; sa toilette doit être une élégante robe de ville ; elle choisit, pour cela, la nuance qui convient le mieux à son âge et à son teint. Le rose seul n’est pas de mise.

Le plus souvent c’est une robe de soie grise ou noire ; on égaie la toilette par un chapeau clair et coquet.

Le chapeau est quelquefois remplacé par une dentelle noire retenue par un bouquet de fleurs.

Nous ne signalons cet usage que pour mémoire, car il tend de plus en plus à disparaître.

Une toilette de circonstance est une robe de couleur claire entièrement recouverte de chantilly. J’ai vu, en ce genre une toilette de moire bleu nacré voilée de chantilly à fins dessins, qui était une pure merveille.

La toilette du marié est la même que pour le premier mariage : habit noir et gilet très décolleté ; s’il se marie avec une jeune fille, le mariage a alors tout l’éclat qu’il convient.

On ne danse pas au mariage d’une veuve, un déjeuner ou un dîner, suivi quelquefois d’une réception intime, sont les seules réjouissances qui soient de mise.

Les enfants du premier lit assistent au mariage ; s’ils se montrent hostiles à cette union, on pourra les éloigner, leur faire faire un voyage ou les laisser en pension.

Les enfants très jeunes appellent souvent leur belle-mère « maman » ; plus âgés, « madame ou madame X… » ; plus âgés encore, ils l’appellent souvent de son prénom ; il en est de même pour beau-père.

On doit faire part aux parents de sa première femme ou de son premier mari de son remariage.

Les pères et mères des veufs font part du mariage, c’est-à-dire qu’ils figurent en tête des lettres de faire-part. »

 

 

Je ne peux m’empêcher d’ajouter un autre extrait du livre de Liselotte sur le mariage d’une demoiselle âgée :

 

« Mariage d’une Demoiselle âgée

Jusqu’à l’âge de quarante ans environ, une demoiselle peut se marier en blanc, et les cérémonies sont absolument les mêmes.

A partir de cet âge, avouez qu’elle serait ridicule en toilette blanche.

Le mieux est de choisir une toilette claire avec chapeau très habillé dans lequel on dispose un brin de fleur d’oranger.

Il n’y a pas de demoiselles d’honneur, car les amies de l’âge de la mariée ne sont plus de toutes jeunes filles.

Pour le bal et le dîner, c’est une affaire de relations et de convenances dont, seuls, les intéressés peuvent être juges. »

 

2 comments

  1. Aziliz says:

    Bonjour Hanna,
    Bel article, intéressant et documenté comme toujours. Ceci dit, je suis étonnée que le manuel de Liselotte confonde la loi et ce qui relevait juste de l’usage. En effet, le délai de viduité avait été prévu par la législation pour éviter les soucis d’héritage, et non par étiquette. Il n’a d’ailleurs été abrogé qu’en 2004. On peut donc en conclure que les impératifs sociaux étaient tellement ancrés qu’ils étaient appliqués comme une loi….? Cela donne à réfléchir.
    Bonne journée à vous.
    Aziliz

    • Hanna GAS says:

      Bonjour Aziliz,
      Vous avez raison, ces délais sont quasiment confondus. Nous pouvons penser qu’ils font office de loi morale.
      Dans mon souvenir (mais je peux me tromper), le deuil d’une femme durait plusieurs années. Avec les siècles, il se raccourcit jusqu’à la limite des 9-10 mois qui pourraient cacher une grossesse de l’ancien époux (et donc questions d’héritage comme vous le dites).
      Donc, sachant cela, il semble que l’auteur (et tout le beau monde des années 1900) admette facilement que cette « courte » période du législateur soit la moindre des politesses. (Chaque génération regrette la perte des valeurs par rapport aux ancêtres).
      Bonne journée, et merci encore pour ce point de vue,
      Amicalement, Hanna

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