Comment insulter quelqu’un dans un langage soutenu ?
Les bonnes manières sont souvent caricaturées dans une parodie de langage châtié. Or, personne n’exige de parler dans un registre de langue soutenue à longueur de journée.
Parler et converser en langage courant est largement suffisant.
Le langage vulgaire semble pourtant être devenu la nouvelle norme. Au travail, entre amis, lors d’un rendez-vous galant… les expressions suivantes s’entendent PLUSIEURS fois par jour : « cela me fait chier », « ça me tue », « j’ai attrapé la crève », « fuck le monde », « c’est grave la merde », « quelle coincée du cul », « il est chelou, le gars », « quel enculé, ce mec », « tu te la pètes trop »…
Cela ne surprend ou ne choque personne.
Les personnes qui utilisent ces expressions ne se rendent pas compte de leur gravité. Dans cet article, vous trouverez l’analyse de l’expression « cela me fait chier ».
Faites-le test : en une journée de 12h, comptez le nombre de « cela me fait chier » ou « fais chier » que vous entendez… par vos proches ! (pas seulement des inconnus).
Il y a peu, j’ai raconté une anecdote à mon mari. J’étais fort agacée par le comportement d’un homme. Je n’ai pas dit de gros mots. J’ai laissé ma phrase en suspens. Mais mon époux, très intelligent, a bien compris que je ne portais pas une grande estime à l’homme en question.
Mon qualificatif planait dans les airs.
Pour rompre le silence (et sûrement essayer de me calmer), mon mari a commenté la petite histoire par les mots suivants « C’est cavalier de sa part ».
Tout était dit.
Et une bouffée d’amour à l’intention de mon mari explosa en moi.
Gentleman, il ne s’est pas abaissé à insulter quelqu’un par des mots vulgaires, mais il est resté dans la diplomatie.
Cet épisode me donna l’idée d’écrire ce petit lexique d’insultes.
Comment insulter quelqu’un dans un langage soutenu ?
Remplacez vos « salaud » par « cavalier »
Vos « pute » par « gourgandine », « femme de petite moralité »
Vos « chelou » par « ubuesque »
Vos « dégueulasse » par « cela laisse à désirer »
Vos « connasse » par « mal-élevée »
Vos « merde » par « zut »
Note :
Le « fils de pute » correspondait autrefois au mot « bâtard ». Etymologiquement =enfant né hors mariage. Mais étant donné qu’en 2017, en France, 59,9% des enfants sont nés hors mariage. Le qualificatif n’est plus si exclusif que ça. D’autre part, le mot « bâtard » est passé au registre vulgaire. Il devrait être remplacé par « traître ».
Et pour rire (et apprendre), voici une récente trouvaille du net :
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Je crois que cet article est mon préféré en terme de connaissances. Il est vrai que prononcer des gros mots est devenu la norme, grâce à ce lexique je vais pouvoir m’améliorer et essayer (ca sera pas facile) de sortir du lot. Merci pour l(article et surtout le « petit lexique corporate »
Au plaisir de vous lire
Chère Fanny,
Merci pour votre retour car j’ai hésité à publier cet article. Puisque je sais qu’il fait écho positivement à quelqu’un, je suis à présent rassurée. Merci !
Amicalement,
Hanna
Merci pour ce super article !
Il y a aussi « fichtre » et « diantre », que j’aime beaucoup utiliser et qui dédramatisent tout, tout de suite, puisque cela fait rire tout le monde. En fait, nous nous apercevons alors que nous jurons pour un oui pour un non, et que nos « malheurs » n’en sont pas vraiment.
J’avais vu aussi l’image sur le lexique corporate sur internet, mais je trouve que c’est plus de la langue de bois ou des anglicismes. La langue française est si belle, nul besoin de piocher autre part … ce serait ubuesque/absurde/croquignolesque !
Amitiés,
Edwige
PS : Cherchez du côté des insultes au Moyen-Âge, c’est assez drôle de les dépoussiérer !
Chère Edwige,
Merci pour le « croquignolesque », je ne le connaissais pas.
Oui, ce lexique est une façon ironique de lire la réalité de l’entreprise. Ce ne sont pas des insultes.
Amicalement,
Hanna
Bonjour Hanna et merci pour ce nouvel article très inspirant. C’est gratifiant de pouvoir de distinguer rien qu’avec du vocabulaire. Je suis par contre fort déçue de la petite liste de la fin, pourquoi remplacer des mots bien français par des termes anglais ou néologismes composés de l’anglais ? Quelle dommage… Moi qui m’efforce à n’utiliser que du vocabulaire de notre chère langue de Molière.
Bien à vous
Bonjour Mélissa,
La liste n’est en rien un exemple à suivre (justement parce que les anglicismes sont trop nombreux). Je l’ai simplement publié pour son côté ironique et plaisant/instructif. Ce double-langage trahit un lien très puissant avec son employeur (qui dépasse le lien familial).
Vous avez raison de cultiver la langue de Molière 🙂
Amicalement,
C’est agréable de constater qu’il y a encore des personnes qui n’aiment pas les gros mots 🙂
Une jolie femme avec des jurons pleins la bouche, ça me choque toujours !
Pour ma part, je dis « sacrebleu », ça plaît beaucoup en général ! (je m’amuse aussi à dire « bazar à Schtroumpf » selon le contexte)
Bon dimanche à tous !
Bonjour Mélanie,
Je partage votre point de vue : une femme avec des gros mots pleins la bouche… cela est un triste spectacle.
Bonne journée !
Hanna
Bonjour Madame,
Même si le langage de nos contemporains s’est de beaucoup dégradé, je ne suis pas bien sûr que les exemples que vous citez fassent partie du langage soutenu. Gourgandine est assez familier si je ne m’abuse.
J’ai pour ma part pris l’habitude d’utiliser les qualificatifs de ribaud, de faquin, de coquin, de bélître, de cuistre, de lazzarone, ou de jean-foutre. Quand il m’arrive de m’oublier, les un peux moins correctes paltoquet, freluquet, gaupe, maraud ou maroufle peuvent m’échapper.
Je vous rassure tout de suite, je n’emploie jamais les termes évoqués en présence d’une dame.
Madame, serviteur,
Théo
Cher Théo,
Merci beaucoup pour ces ajouts. Vous m’apprenez des nouveaux termes. Merci !
Votre retenue en présence de dames est tout à votre honneur. Mes respects.
Je pense (mais je peux me tromper), que « gourgandine » appartenait au registre familier il y a longtemps. Le fait qu’il ait été oublié l’a fait « basculer » dans le registre soutenu.
Mais peut-être que les linguistes (dont certains de mes professeurs de fac) nuanceraient cela davantage.
Amicalement,
Hanna
Chère Hanna,
Je me suis bien amusée en vous lisant.
Le petit lexique vaut son pesant d’or.
Merci pour cette pause détente de la journée.
Je vous souhaite une bonne journée
Isabelle
Une prof de français d’un de mes garçons leur avait appris l’expression « coureuse de remparts », équivalent de gourgandine, mais plus poétique. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, plus tard il a traité une fille de coureuse de remparts orchidoclaste… et elle a cru que c’était un compliment.
Hahahaha !!! Merci chère Marie pour cette anecdote ! Elle me fait tellement rire 🙂