L’expression ultime à bannir de notre langage !

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Parmi les dérives langagières, citons une petite expression si familière à nos oreilles que nous ne sommes mêmes plus surpris de l’entendre vingt à trente fois par jour.

Pourtant nous devrions être choqués, horrifiés et terriblement gênés à chaque fois que nous l’entendons (et pire : l’utilisons !).

Quel sont ces petits mots qui ont le pouvoir de briser des heures d’efforts ?

 

L’ expression ultime à bannir de notre langage

 

Réponse :

« Tu me fais chi** » / « Cela me fait chi** ».

Voilà, je n’ose même pas l’écrire en toutes lettres. Vous aurez très bien compris de quelle expression il s’agit.

 

Malgré des années d’efforts pour ne plus utiliser ces mots, lors de moments de relâche, cette expression arrivait toute seule à mes lèvres.

Et un jour, STOP. Du jour au lendemain, je ne l’ai plus jamais utilisé. Je vais vous raconter cette anecdote dans l’espoir que ce sera également votre brutal déclencheur.

A l’université, je suivais un cours optionnel de sociologie. Le professeur était extraordinaire et son cours passionnant. Le sous-titre du cours était « de la monstruosité au handicap ». Autrefois, la non-normalité physique était un facteur de bannissement de la société. Les difformes travaillaient dans des cirques. Ils étaient appelés des « monstres ». Le basculement s’est fait au retour des Poilus après la première Guerre Mondiale. Les héros de la patrie revenaient difformes. Des héros de la nation… avec des corps et des visages de monstres. Le regard de la société sur l’infirmité a commencé à changer à cette époque-là. Progressivement la notion d’handicap apparaît alors.

Je résume rapidement et en schématisant ce cours qui a duré plus de 15 heures. Toujours est-il que nous nous sommes énormément interrogés sur les expressions liées au corps.

Le professeur nous a alors fait remarqué cette expression quotidienne et anodine « cela me fait chi** ».

Littéralement, cela signifie : cela me fait déféquer / je ne peux pas retenir de mon corps mes excréments / je suis en train de faire caca devant toi…

 

Gracieux, non ?

Dit comme cela, ça fait réfléchir, vous ne trouvez pas ?

 

 

14 comments

  1. Mely says:

    Chère Hanna,

    En lisant le titre de l’article, une bonne dizaine de possibilités m’est apparue à l’esprit avant de lire la fameuse expression.

    Figurez-vous que je me suis fait la même réflexion il y a déjà pas mal de temps, et justement pour le sens vraiment dégoûtant que cette expression sous-entend, j’évite de l’utiliser… mais c’est dur. Parallèlement à mon enseignement en collège, j’ai tâché progressivement de « dé-vulgariser » peu à peu cette expression (du fait de gronder les collégiens pas sages avec des mots toujours forts mais dépourvus de vulgarité). Ainsi « ça me fait ch** » s’est progressivement transformé en « ça me soule » (pas le top de l’élégance mais il y a un mieux) puis en « ça me gonfle » ou à un degré moindre « ça m’énerve ». J’en suis là, mais j’ai des « rechutes » de temps en temps (surtout en voiture ou quand je suis en retard… heureusement je suis généralement seule à ces moments-là ;)) Ma personnalité et mon vécu font que je ne serai jamais capable de les remplacer par des expressions tout à fait innocentes comme « Ca m’enquiquine » ou « Flute ! » mais au moins je progresse… même si le vrai progrès serait d’arrêter de râler, tout simplement 😉

    Le cours de sociologie que vous mentionnez semble exceptionnel, j’aurais beaucoup aimé y assister ! Merci pour ce partage très intéressant.

    A bientôt.

    • JeuneLady says:

      Chère Mely,
      Cette expression est tellement « normale » à nos oreilles qu’il est très difficile de ne plus l’utiliser. Votre méthode pour la remplacer et progressivement l’atténuer est très bien. Passer de cela à « cela m’ennuie » semble impossible. Je m’oublie également de temps en temps.
      Pour les adolescents au collège… c’est terrible! Je pense que si vous aviez un compteur dans la main, en fin de journée, il indiquerait pas moins de 200 « fait ch*** ». Je n’ai plus autant l’occasion qu’autrefois d’écouter parler les « jeunes », mais les fois où cela m’arrive j’ai l’impression d’être une veille bique ringarde qui trouverait à les corriger à chaque mot!
      Bonne soirée !

  2. Sarah says:

    Bonjour,

    Ne le prenez pas personnellement, mais je ne peux me retenir de vous indiquer deux fautes qui font pleurer mes yeux (et mes oreilles) concernant « de la monstruosité à l’handicape » :
    1 – handicap ne prend pas de « e » ;
    2 – le « h » de handicap est aspiré, par conséquent, il n’y a ni élision de l’article, ni liaison avec le mot qui précède.

    Ainsi, il faudra écrire « de la monstruosité AU handicap ».

    Bonne journée,

    Sarah

    • JeuneLady says:

      Chère Sarah,
      Merci beaucoup pour votre commentaire! Vous avez raison de me corriger, je vous remercie sincèrement pour cela. Je vais m’empresser de corriger la faute.
      Bonne journée,
      Hanna

  3. lux says:

    Merci pour cet article. Personnellement je n’emploie pas cette vilaine expression mais d’autres, guère plaisantes, quand tout va de travers…. (le mot de Cambronne, ras-le-bol, allez au diable,)

    Concernant votre expression, c’est le mot favori d’ une voisine et de quelques connaissances, pour tout et à tout propos à tel point que j’ai envie de leur suggérer de voir la vie moins grise….. « tout n’est pas ch. dans une vie ni sur la planète ».Il existe tant de jours heureux dans une vie à côté des grandes épreuves ; la planète et même notre pays ont gardé une belle nature, des plantes merveilleuses, un océan qui nous revigore, etc. Je ne leur dis jamais tout cela pour ne pas être prise pour la pédante que je ne veux pas devenir, ni « l’ intello » que je ne suis pas capable d’être…Elle et certains membres de mon entourage « vomissent » les « bourges et les intellos » ne comprenant pas que si je n’étais pas tombée malade, je travaillerais encore et j’aurais acheté mon propre logement au lieu d’ avoir la chance de vivre dans un pays qui me permet de loger dans un logement social depuis l’effondrement de mes revenus… Ceci entre nous….
    Ayant travaillé une bonne décennie comme infirmière dans les EPHAD où nous avions souvent les mains dans… (vous devinez) pendant les soins en binôme avec nos collègues aides-soignantes, ce terme me remémore trop de mauvais souvenirs…

    Bravo pour ce blog qui m’ apprend à redevenir un minimum… polie…
    Betty

    • JeuneLady says:

      Bonjour Betty,

      Merci pour votre témoignage. En effet, dans le milieu où vous avez travaillé, cette expression prend littéralement tout son sens. Et on comprend d’autant plus à quel point il est « moche » de l’utiliser.
      Comme vous, autour de moi, je connais des personnes qui ponctuent leurs phrases avec ces mots-là. Ils ne s’en rendent même plus compte. C’est terrible.
      J’approuve totalement votre point de vue : même si certaines choses ne sont pas toujours faciles dans la vie, il faut tout de même se concentrer sur le positif. La France est un si beau pays ! Tant de merveilles s’y trouvent. Une simple promenade peut nous redonner le moral.
      Merci également pour vos gentils mots sur le blog ! Cela m’encourage à continuer !
      Bienvenue dans le club des apprenties-ladies !
      Amicalement,
      Hanna

  4. Marie-Esther says:

    Merci Hanna d’en parler, mais à chaque fois je suis gênée d’entendre ce mot surtout lorsqu’il sort de la bouche d’une dame, vous savez je suis de près vos publications et j’en suis ravie, je suis en Côte d’Ivoire et dans ma culture, une dame ne doit jamais dire de gros mots, celles qui disaient ce genre de mots étaient comparées aux « hommes » qui peuvent se le permettre parce que chez nous « l’homme n’a pas honte » interprété cela comme la grossièreté fait partie de la nature de l’homme et chez nous lorsqu’une dame s’exprime ainsi on lui dit « tu n’as pas honte comme un homme » alors pour que tu comprenne cet adage, on pense que l’homme est grossier de nature, il n’a donc pas honte parce qu’il fait pipi dehors (il faut comprendre qu’il n’a pas honte d’enlever son z….. devant tous pour faire pipi…. Bon week-end

    • Hanna GAS says:

      Chère Marie-Esther,
      Merci pour cet ajout. C’est fort intéressant !
      Il est bon que dans votre culture, la femme soit naturellement associée à la délicatesse et à la pudeur. Cela tend à disparaître en France. Quel dommage !
      Amicalement,

  5. Littleblue says:

    Bonjour,
    Un aspect qui m’a vraiment séduite de la part de celui qui est devenu mon époux : il ne dit jamais de gros mots.
    Je ne pourrais pas supporter un conjoint grossier.
    Et une femme qui utilise un tel langage me paraît toujours tellement vulgaire !
    Votre blog est très intéressant !

    • Hanna GAS says:

      Bonjour,

      Merci pour votre compliment !

      Oui, il y a une vrai différence (en défaveur des femmes) quant à l’usage du registre familier. Une femme devient tout simplement vulgaire.
      Si les femmes savaient à quel point elles peuvent briller socialement en abandonnant les gros mots ou les expressions vulgaires. Ah si seulement !

  6. Amandine says:

    Je suis d’accord avec tous vos commentaires. Je rajouterais simplement que la vulgarité et la grossièreté masculine est tout aussi condamnable. A mes yeux un homme qui se respecte ne doit pas se laisser aller à parler grossièrement. Et ce, qu’il y’ait des femmes ou pas avec lui. J’ai tendance à penser que la grossièreté de langage précède de peu la grossièreté des actions.

  7. Isabelle says:

    **pu….ain, prononcé par une femme me blesse, et les oreilles, et le cœur.
    Je l’entends à longueur de journée.
    Au téléphone cela résonne encore plus.
    Le ton qui va avec, la colère, l’agressivité, le rictus de la bouche, les gestes secs et brusques, la position du corps…
    Je pense que quand nous maîtrisons tout ceci il est moins facile de sortir de telles insanités.

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