Non l’article en question ne va pas vous conseiller de cacher vos rangs de perles sous le sable à la plage le temps d’aller vous baigner. Le smartphone n’a pas non plus à être enfoui dans le seau de junior ou enroulé dans treize épaisseurs de serviettes. Si vous voulez faire un plongeon dans l’océan, allez-y !
Le sujet du jour traite de la décence des femmes à la plage.
Lady, décence et vacances : que faut-il cacher à la plage ?
Vous le savez assez maintenant : je suis vieux-jeu. J’appartiens à la très vieille école. Celle pour qui le « un peu » et déjà bien souvent « trop ».
A la plage, afficher son corps n’est pas une question d’esthétique. Les corps jeunes, sveltes et toniques n’ont pas plus leur place que les corps plus marqués par le temps. Il ne s’agit pas de tolérer les uns et non les autres comme la publicité voudrait nous le faire croire.
Le concept de décence est différent d’un individu à l’autre, d’une histoire à l’autre.
Ne mentionnons pas les nudistes, ils ont le mérite de respecter les zones prescrites. Ils ne sont pas un problème (je dis cela en référence aux centaines de kilomètres de plage dans les landes sur la côte atlantique. En été, il y a de la place pour tous.)
Ici, il va être question du topless. Chaque année le débat revient dans la presse estivale, dans les conversations des touristes étrangers (notre pays est connu pour cette liberté !) et dans la bouche des enfants de moins de 5 ans.
Ce n’est pas à moi de dire quoi faire ou non. Je me contente de rappeler qu’une lady ne se met pas topless sur une plage publique à l’heure de grande affluence. L’art du bronzage est difficile, je comprends, mais l’est encore plus la gestion de la pudeur des inconnus.
Pour mieux comprendre ce qu’est la décence, voici un extrait du livre de bonnes manières de la baronne de Rothschild. Décence et plage à Biarritz.
Nadine de Rothschild : savoir vivre sa féminité
Extrait du livre Le savoir-vivre au XXIe siècle, l’art de séduire, le bonheur de réussir
p.35
« Savoir vivre sa féminité
Cet été, sur la plage de Biarritz, j’ai observé pendant un long moment un jeune couple, ils avaient à peine vingt-cinq ans ; je les voyais de dos, ils se déshabillaient sur le sable avec le naturel de bons sauvages.
Ils enlevèrent leurs tee-shirts gris, identiques, ils enlevèrent leurs jeans délavés identiques, leurs baskets fatiguées, leurs chaussettes rouges chez l’un, vertes chez l’autre. Ils avaient la même coupe de cheveux très courts, chez l’un plus clairs que chez l’autre. Ils étaient tous deux très minces, presque androgynes, que nus, vus de dos, je n’arrivais pas à savoir lequel était l’homme, lequel la femme. Je me suis même demandé si je n’avais pas en face de moi deux garçons ou deux filles. L’un à son bras portait un tatouage, deux ailes sortant d’un cœur ; « c’est l’homme », me dis-je. Et bien, non ! Eve sortant des flots, c’était elle ! Où étaient les charmes de la féminité ? Où était le jeu de la séduction ? Sur quelles ailes du désir s’étaient envolés les fantasmes de l’amour ?
La féminité, j’en conviens, est un prisme aux facettes infinies. Elle prend pour séduire mille formes, qui vont de la pudeur extrême à l’extrême impudeur. Certains hommes vous diront qu’une nonne sous sa grande coiffe et son ample robe peut être irrésistible, surtout si elle résiste. Grace Kelly, qui a fait battre des millions de cœurs, n’a jamais montré le bout de son sein. Et l’impudeur de Brigitte Bardot dans Et Dieu créa la femme a été un si bouleversant scandale qu’il a marqué toute une génération. Mais l’impudeur d’une femme qui n’a pas plus de vingt ans peut être ressentie comme une insolence, une agression qui rebute, parfois même, qui effraie. Si séduire reste un mystère, le mystère, je crois, constitue l’un des atouts majeurs de la séduction. Salomé, pour réduire à sa merci le tétrarque Hérode, s’était enveloppée de sept voiles. Paris toutes les femmes que j’ai rencontrées celles dont la vie fut un triomphe n’étaient pas spécialement belles. La beauté provoque une émotion très forte mais, comme toutes les émotions, elle s’émousse plus ou moins vite, mais elle s’émousse. L’émerveillement du premier jour se dissipe comme une brume au soleil. Si le charme ne soutient pas la beauté, elle n’agit plus. On n’est pas responsable de sa beauté, c’est un don que l’on reçoit ou que l’on ne reçoit pas, mais on est en partie responsable de son charme, car il se cultive, se développe, s’épanouit. »
Et la décence, qu’est ce encore?
Nadine de Rothschild : savoir être reçu à un week-end (sur la côte par exemple !)
p.301
Invité par lettre à un week-end, vous répondez le plus tôt possible et vous joignez vos remerciements empressés, car inviter quelqu’un à passer chez soi tout un week-end, c’est s’imposer un surcroît de travail.
Vous arrivez à l’heure convenue avec des bagages élégants et raisonnables, en tenue sport (un sport élégant – surtout pas de jogging).
Vous apportez à vos hôtes un cadeau que vous leur remettez tout de suite (et pas en partant), il témoigne de votre joie à être reçu chez eux.
Dès votre arrivée, vous vous ingéniez à être l’invité idéal, c’est-à-dire discret, aimable, courtois, souriant et léger. Le plus léger possible. Ne vous faites pas remarquer par un réveil à l’aube ni par une grasse matinée prolongée (en prenant votre petit déjeuner après 10 heures, vous gêneriez la maîtresse de maison). Pliez-vous aux habitudes et aux goûts de la majorité.
Si vous partagez la salle de bains avec vos voisins de chambre, ne vous attardez pas trop. Rincez soigneusement baignoire et lavabo, rangez vos affaires de toilette.
Pour vous démaquiller, servez-vous de coton et non des serviettes. Faites régner le même ordre dans votre chambre. S’il n’y a pas de personnels, refaites votre lit, suspendez tous vos vêtements dans la penderie. Rien ne doit traîner.
Pour défaire votre valise, vous aurez utilisé le porte-bagages (une valise ne se pose jamais sur le lit) et demandé à la maîtresse de maison où ranger vos valises (garages, sous-sol, buanderie ou tout simplement dans le coffre de votre voiture). Ne les laissez pas en vue dans votre chambre.
Si par mégarde vous renversez votre café sur vos draps, et surtout sur le dessus-de-lit, signez-le à la maîtresse de maison, ne cachez pas votre forfait. Et, dès votre retour, envoyez des fleurs pour vous faire pardonner.
Proposez de vous rendre au village pour acheter fromages ou desserts, de préparer un plat, de dresser ou de desservir la table, de faire la vaisselle, d’offrir le thé… Le soir, aidez à ranger les meubles de jardin et à fermer les persiennes. Jouez avec les enfants et n’ayez avec personne l’ombre d’un conflit.
Prévoyez pour le samedi soir une tenue plus habillée (joli pantalon pour vous, blazer pour votre mari).
Avant de partir, remerciez le personnel d’un billet glissé dans une enveloppe.
N’emportez pas, par mégarde ou par envie, un livre ou une cassette. Ne les empruntez pas non plus, vous pourriez oublier de les rendre.
Dès votre retour, et pas huit jours après, vous écrirez une jolie lettre de « château », même si vous êtes un habitué de la maison.
Si vous avez fait un parcours sans faute, c’est à vous que l’on pensera en premier pour un plus long week-end. »
Je vous rejoins sur ce point entre le topless et le string il vaut mieux directement se rendre sur la plage nudiste. Il y a des limites dans ce que l’on dévoile de soi maintenant vous voyez des jeunes filles de 15 ans dans le bus a moitié nue sur leur coque personnalisée! Et des fois ce sont des mamans.
Chère Sophie,
Merci pour votre commentaire ! Avant de publier cet article, j’ai douté, je me suis dit « ma petite Hanna, n’es-tu pas à nouveau trop vieux jeu? »
Merci sincèrement 🙂
Mes proches rigolent de moi car si je suis conviée à « patauger » dans une mini piscine gonflable, je garderai des vêtements complets (souvent tshirt + legging), et si je vais au spa, j’ai opté pour un maillot de bain robe (qui donne l’effet d’une tenue de tennis). Impensable pour moi de mettre un maillot classique. (et ce n’est pas un problème de corpulence, je suis plutôt bien équilibrée.)
Je l’évoquais dans un autre commentaire, je peine à montrer mes genoux !
De la poitrine au genoux, dans mon esprit, c’est privé ! (je ne sais même pas d’où je tiens cette règle 😉 )
Chère Mélanie,
Justement hier, j’échangeais avec une très bonne amie au sujet de la décence vestimentaire sur la plage et dans les rues. Le rapport à la nudité a bien changé à notre époque. Sous prétexte de « liberté », on doit être à l’aise tout nu. C’est faux !
Il y a une pudeur naturelle (belle et saine, je dirais même « sainte » et « sacrée »).
Je pense aussi être bien proportionnée. Je corresponds aux canons esthétiques de notre époque, et pourtant je ressens un profond besoin de cacher certaines parties de mon corps. Ce n’est pas que culturelle, je pense que cette « intimité pudique » relève du sacré. C’est personnel, et le montrer ou le partager avec quelqu’un est un geste de confiance. Un cadeau extraordinaire.
Je comprends votre gêne.
Bonjour,
Je suis d’accord avec vous toutes.
Mon mari et moi préférons de loin les plages italiennes, où le « topless » est très rare ! La France nous a beaucoup gênés à ce point de vue et nous ne vivons plus de vacances balnéaires dans ce pays.
Nous ne comprenons pas ce besoin de s’exhiber ainsi, juste pour bronzer ! Bronzer sa poitrine ? Exposer les bras et les jambes est en plus suffisant pour la synthèse de la vitamine D.
Si la pudibonderie n’est pas une attitude saine, le manque de pudeur ne l’est pas non plus !
Bonjour,
Je comprends cette fuite. J’habite au pays basque depuis des années maintenant, mais je ne me suis toujours pas habituée au topless estival. Sur une plage, je ne sais où poser mon regard parfois.
Bonjour,
J’habite en Russie et ici ce n’est pas non plus acceptable.