Régler l’addition entre amis :
Si pour les enfants une addition est une simple opération mathématique, pour les adultes c’est une haute voltige diplomatique. « Qui règle l’addition » est une question qui divise la société française plus qu’elle ne l’unit. Est-ce une évolution du savoir-vivre ou un déclin ? Ma réponse personnelle est passée sous silence.
Au restaurant, au café, au théâtre… la question de l’argent se pose toujours. S’amuser ensemble est effectivement mieux que de rester seul, mais bien souvent qui dit activité collective dit facture à payer. La question à laquelle personne n’échappe est : qui va régler l’ addition ?
Comme pour de mes nombreux lecteurs, il m’est arrivé plusieurs situations très désagréables concernant l’ addition. En vrac, je dirais :
Top ten des galères au moment de régler l’ addition :
1/ j’ai été invitée et la personne l’a oublié et j’ai dû payer pour les deux !
2/ l’oubli de portefeuille de celui qui m’invite. Intentionnel ou pas.
3/ J’ai même été invité à une soirée pour fêter un anniversaire. Je me suis proposé de venir à l’avance pour aider en cuisine. A mon arrivée, le frigo était vide et 8 invités allaient débarquer. On va faire les courses. Devinez qui va régler car l’autre a oublié son porte-monnaie ! « Je te rembourserai… » Oui, j’attends encore. La personne a trop bu ce soir-là, donc elle ne se souvient pas ? Je ne sais pas…
Vous allez me dire que je suis « une bonne poire ». Oui, peut-être. Disons que sur le coup, je suis tellement choquée que je suppose à une caméra cachée et donc je me tais. Heureusement, je tire des leçons de mes erreurs. Et je sors petit à petit de la catégorie « proie facile ». Je ne refais pas les mêmes erreurs. Mais j’en expérimente de nouvelles 😉
4/ le flou total où un verre entre amis devient un diner et où chacun vide ses poches pour savoir ce que l’on peut se permettre de commander. Et moi je fais partie des gens qui on toujours de l’argent sur eux MAIS qui ne le dépensent pas. Et donc je finis par payer pour la majorité alors que c’était une dépense non prévue. Je clarifie davantage la situation : j’ai quitté ma chambre étudiante avec l’idée de boire un coca à moins de 3€, je rentre avec moins 20€ en poche. Quand on est étudiant, c’est une différence colossale. C’est 600% de plus !
5/ le dîner au restaurant où chacun doit payer pour lui. Et au moment de l’addition, quelqu’un lance : « on divise ». Et moi, ma timidité et les leçons de savoir-vivre de ma grand-mère, nous nous taisons. Et nous payons. En tant que +1, il était hors de question que je la ramène comme on dit. Ce jour-là, plusieurs bouteilles de champagne ont été commandées. Il va sans dire que je n’y ais même pas trempé les lèvres. Pas d’entrée, pas de dessert pour moi non plus. Et au final, j’ai réglé trois fois le prix de mon plat ! J’étais étudiante à l’époque. Ce dîner représentait 20% de mes revenus mensuels. Ce fut véritablement dramatique pour mon budget.
6/ la date au restaurant où… vous n’avez pas choisi le lieu (pas de souci si c’est le Prince charmant qui règle) et au moment de régler l’addition, cela devient moitié/moitié.
7/ le pique-nique au parc entre amis où chacun amène quelque chose. Vous avez donc votre quiche maison et votre bouteille dans le sac. A l’arrivée, certains « n’ont pas eu le temps »/« ont oublié » (sic), et vous allez tous acheté des sandwichs. Et vous ressortez votre portefeuille, alors même que vous avez déjà à manger à porter de main.
8/ nous sommes invités chez des amis proches. Par politesse nous demandons si nous devons amener quelque chose. (Parenthèse : sachez que selon les convenances, vous demandez trois fois si vous pouvez amener quelque chose, une bouteille ou un dessert, et par deux fois votre hôtesse dit NON, et seulement à la troisième relance elle suggère une bouteille ou un dessert. Plutôt une bouteille, le dessert est pour les intimes de la famille.). On nous charge tout de suite du fromage ( ?). Nous nous y plions. Puis nous recevons un sms que le couple chargé d’amener le dessert sera absent, pouvons-nous nous en charger ? OK (que voulez-vous répondre ?!). Et rebelote pour le couple chargé de la bouteille de vin. Bref au final, nous avons débarqué chez nos hôtes avec le fromage, le dessert et le vin. Comme je l’ai dit à mon mari : aller au resto nous aurait coûté moins cher.
Toutes ces situations sont très désagréables. Lorsque votre argent tombe du ciel, à traduire par papa/maman sont derrières, vous ne réalisez pas les difficultés des petites gens qui travaillent et se débrouillent tout seuls pour TOUTES les dépenses. Les économies de bout de chandelles font alors réellement la différence à la fin du mois.
Je ne suis plus étudiante. A présent, je travaille et j’ai un salaire. Mais je n’oublie pas les manques de savoir-vivre auxquels j’ai été confrontée. Je fais toujours très très très attention aux moyens financiers de la personne que j’ai en face. Je ne veux surtout pas faire vivre à quelqu’un les épreuves que j’ai traversées.
Vous devinez aisément que nombre de mes amitiés se sont terminées pour des questions d’argent.
Alors pour savoir qui règle l’ addition, voici les règles à suivre.
Bonjour Hanna,
Le paragraphe « Le dîner au restaurant où chacun doit payer pour lui » me rappelle une période déjà ancienne où j’allais déjeuner avec des collègues.
Il s’agissait de jeunes cadres, célibataires et sans enfant, certains vivant encore chez papa et maman.
J’étais simple secrétaire, divorcée avec deux enfants et je vivais en logement social.
Ils prenaient une entrée, un plat, un dessert ou fromage, un café, du vin.
Je prenais un plat et un café.
Et lorsque la note arrivait : « Oh ben, on partage! ». Je n’étais pas d’accord et j’étais la vilaine radine qui gâchait l’ambiance.
Le seul cas de figure qui me convenait était d’aller manger à la cafétéria.
Il y a longtemps de cela mais j’enrage encore en y repensant. Et, bien entendu, j’ai fini par ne plus y aller. Je n’étais pas « fréquentable ». Tous ces jeunes gens qui se croyaient des gens bien, généreux et tout et tout se lamentaient pour les enfants qui mouraient de faim à l’autre bout du monde. Mais le sort des miens ne les faisait pas frémir: c’est simple, ça ne les effleurait pas. Pourtant, j’avais de grosses difficultés que ces charmants jeunes gens ne souhaitaient pas connaître.
Cordialement,
MFD