La bonne d’enfant au XIXe siècle : quelles différences avec aujourd’hui ?

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La bonne d’enfant au XIXe siècle : quelles différences avec aujourd’hui ?

 

Voici un extrait sur les attributs des bonnes d’enfants tiré d’un manuel de savoir-vivre des années 1900.

Le Guide des Convenances, par Liselotte. Editeur P.Orsoni, Paris. 10e édition. (date approximative de 1911), p.56.

 

 

« La bonne d’enfant

Les domestiques doivent dire en parlant des enfants de la maison : « Le potage de mademoiselle est servi. – Le professeur de monsieur Pierre est arrivé. – Monsieur le baron est attendu. – Madame fait demander mademoiselle Fernande. »

Ils devront parler aux enfants à la troisième personne. Ils ne leur remettront rien de la main à la main ; une tartine de confitures, un morceau de pain, un verre de lait, seront présentés sur un plateau.

La bonne d’enfant sera choisie de caractère gai et doux ; on aura soin, pendant les premiers temps de son séjour, de veiller avec vigilance sur les premiers rapports de la jeune bonne et de l’enfant. Au bout de quelques mois, lorsqu’on aura acquis la conviction que la jeune fille est sérieuse, on pourra se départir de sa surveillance.

La bonne d’enfant aura un langage correct, ses expressions seront courantes, sinon choisies. On ne saurait tolérer ni paroles triviales, ni formules grossières.

Si la bonne a à se plaindre de l’enfant, elle le réprimandera doucement, elle pourra le punir, l’arrêter dans ses jeux, mais elle ne devra jamais le frapper.

Elle sera toujours très polie, elle exigera qu’on le soit avec elle.

La mère n’infligera jamais à la bonne un blâme devant le bébé. Si ce dernier rapporte à juste titre une faute de sa bonne, on ne donnera pas raison à l’enfant devant le domestique.

On exigera d’elle une surveillance constante pendant les promenades, et on ne lui donnera point d’autres travaux à faire en même temps.

Il ne faudra pas tolérer qu’une bonne interroge les enfants sur les faits et gestes de leurs parents. On veilla aussi à ce que les enfants n’acceptent pas et ne sollicitent pas des cadeaux, des friandises des bonnes car quelques-unes, grâce à ces complaisances, achètent le silence et la complicité des enfants.

Le costume classique de la bonne d’enfant se compose d’une robe de lainage, d’un large tablier de calicot blanc festonné, elle est nu-tête ou coiffée d’un chapeau simple. Si ell appartient à une province dont le costume est pittoresque et attrayant, on lui conserve son costume national avec le tablier inhérent à ce costume.

Dans les familles très élégantes, on s’inspire du genre anglais, la bonne est habillée de piqué blanc avec une capote plate en gaze blanche ou noire. Quelques-unes ont des tabliers blancs ; mais la plupart n’en portent point. »

 

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Emily Blunt joue Mary Poppins dans le film de Disney : Le retour de Mary Poppins

 

Les différences avec notre époque :

 

1/ On ne peut plus utiliser le qualificatif « bonne », on dit nounou, nanny ou baby-sitter.

2/ Pas d’uniforme spécial.

3/ Les enfants sont laissés quasi-immédiatement à ses soins, et non après plusieurs mois de test.

4/ Le langage n’est plus le critère principal pour le recrutement. Certes, il faut parler correctement, mais les expressions familières (« cela me fait chier », « ça me tue », « j’ai la crève… » ne sont plus éliminatoires)

5/ Heureusement ou malheureusement, de nos jours, la personne chargée des enfants doit également faire d’autres tâches ménagères. Généralement c’est en lien avec l’enfant (préparer à manger, ménage, bain…), mais pas toujours.

6/ Le tutoiement est la règle.

7/ On peut remettre un objet directement dans la main de l’enfant.

8/ Aujourd’hui, le droit de punir un enfant n’est pas toujours donné par les parents. Il ne s’agit pas de violence bien entendu, mais du droit de gronder un enfant et de l’envoyer au coin pour 5 minutes.

 

 

 

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3 comments

  1. Florence says:

    Bonjour Hanna,

    La bonne au XIX ème siècle qui travaille dans un grande famille, ne doit pas faire de différence entre un futur héritier et les autres enfants.
    Par contre pour notre époque il y a un point où je ne suis pas d’accord c’est le langage. Pour moi les expressions familières doivent être éliminatoires. Quand on est enfant, on apprend à ne pas être grossier. Donc je pense que la nounou elle aussi ne doit pas être grossière.

    Florence

    • Philippe H. says:

      Bonsoir Hanna et Florence,
      Je partage tout à fait cet avis. Le relâchement langagier est désolant et il est primordial, dans l’éducation, de veiller à la correction, à tous les sens du terme, et à la politesse.

  2. Crécerelle says:

    Bonjour Hanna,
    Le point 8/ me fait tiquer. Les demandes des PMI aux Assistantes Maternelles (et c’est mon métier) et nounous à domicile sont très accès « éducation bienveillante » (avec pour références selon l’âge : Emmi Pikler, Isabelle Filliozat, Faber et Mazlish ou encore Catherine Gueguen). Accompagner l’enfant dans sa découverte du monde est plus le mot d’ordre qu’éduquer l’enfant.

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