Confident royal : la Reine Victoria… sans toute sa majesté
Petite chronique de film.
Parmi les films dont la bande-annonce séduit instantanément les historiens amateurs des cours royales européennes, citons Confient Royal.
C’est un film fort sympathique… qui se regarde une fois. Peut-être pas deux.
Pourtant, il en faudrait peu pour un faire un « bon film » (par « bon film » j’entends « que l’on a envie de visionner une seconde fois »).
Le personnage de la Reine est transformé en « mamie gaga ». J’exagère un peu, certes. Toutefois, certaines scènes sont trop « tirées par les cheveux » pour agréer avec l’illusion cinématographique et historique.
Ne nous attardons pas sur la première faute d’étiquette lors du dîner royal : la Reine mange de la soupe à la cuillère. Ok. Mais étant la reine du Royaume-Uni, elle doit adopter le savoir-vivre britannique et non français. Pour manger la soupe, elle devrait pousser la cuillère vers l’extérieur et non la ramener vers soi.
Détail. Passons.
La Reine, grande diplomate, impose le rythme du dîner certes. Mais caricaturer cela en « expédiant » le repas, et en n’autorisant pas les convives à finir leur assiette est trop.
Passons également sur le fait qu’elle mange avec les doigts. On ne voit pas bien la viande qu’elle mange. Allez, pour la forme disons que c’est de la caille. Ainsi l’étiquette autorise à suçoter les os avec les doigts.
La scène où Sa Majesté soupir d’ennui à table est inacceptable. Chaque soupir public est de trop. Son ennui/exaspération de voir des profiteroles au dessert ne devrait pas être un trait de définition de son caractère. Cela fait d’elle une mamie-gâteau coupée des réalités de ce monde.
Relevons encore l’erreur de son convive assis à sa gauche. Il l’appelle une première fois « votre Majesté »… et puis encore et encore « votre Majesté ». Alors qu’il devrait poursuivre la conversation avec « Madame ».
Enfin, la scène qui fait perdre toute crédibilité est celle où la reine s’endort à table (et ronfle !). Lors d’un dîner royal, cela est impensable.
Que les scénaristes aient voulu dessiner le personnage de la reine Victoria sous des traits intimes, ok. Mais faire fi de sa conscience profonde de chef d’Etat est un pas de trop.
Je me permets de relever également un travers que j’observe de plus en plus fréquemment dans les films historiques. Les personnages appartenant à la cour royale se permettent de soupirer, de désapprouver en public des gestes royaux, et d’afficher leur attitude « je suis blasée de ma vie aux côtés du chef de l’Etat ». C’est impensable et hautement improbable historiquement parlant.
Aujourd’hui, dans les années 2010, les affronts au Pouvoir sont nombreux et banalisés, mais à l’époque de l’Ancien Régime, c’est impensable. Ce n’étiat pas dans les mentalités de l’époque.
Reste que je vous recommande ce film pour les décors et le « plaisir des yeux ». L’entrée royale dans la salle à manger avec la procession d’entrée des nobles est belle. L’énumération de l’emploi du temps journalier de la reine est fort instructive. Et l’anecdote (fortement romancée) sur laquelle repose tout le scénario est intéressante.