Grace Kelly : la beauté contre l’indécence

Grace Kelly, ou comment être une Lady dans l’industrie du cinéma ?

Portrait exceptionnel d’une femme qui a misé sur l’élégance et la décence pour se distinguer.

Rédactrice invitée – Edwige

(Lien vers le compte Instagram d’Edwige. Son compte est une perle de douceur à découvrir.)

Grace Kelly : la beauté contre l’indécence

Chers lecteurs,

Me voici de retour pour mettre en lumière une autre lady des temps modernes, afin de donner des exemples concrets de femmes inspirantes.

Je souhaite aujourd’hui vous parler de Grace Kelly. Non, non, pas Grace de Monaco ! Évidemment, tout le monde a en tête la beauté diaphane qui remonte l’église au bras du Prince Rainier, et qui s’est distinguée tant par sa dignité que par ses œuvres de charité. Les monégasques n’ont d’ailleurs pas tari d’éloges lors de son décès accidentel, en témoignent leurs commentaires au 20 heures de l’époque (à partir de 20:44).

Ce n’est pourtant pas tant sa vie de princesse qui m’intéresse car, à mes yeux, toutes les ladies sont des princesses, mais toutes les princesses ne sont pas des ladies.

Et lady, Grace Kelly l’a toujours été…

Durant sa courte carrière cinématographique dans le Hollywood des années 50, Grace a joué la carte de la féminité. Toujours décente, toujours élégante, jamais provoquante. Les critiques de cinéma la décrivent à ce titre comme l’anti-Marilyn Monroe, qui a posé nue au début de sa carrière, et s’est notoirement illustrée dans des poses sexy et des tenues … peu couvrantes, disons !

Chers lecteurs, vous savez qu’Hanna se revendique de n’être pas féministe. Je le suis. Pour autant, je considère que ce caractère ultra-sexualisé des vedettes de cinéma n’est en rien un instrument de libération de la femme, au contraire. Mon cœur penche plus vers une forme d’aliénation (subie ou voulue) des actrices dans une image de femme-objet sexuel. J’admire davantage les femmes qui s’élèvent par leur intellect, leur bonté, leur talent (voir l’article sur la jeune Alma Deutscher que j’ai rédigé il y a quelques temps).

Ainsi, dans ce tourbillon de sexy, de glamour, Grace a su rester fidèle à ses principes et n’a embrassé que des rôles qui ne la rabaissaient pas. Elle s’est illustrée et a su se faire remarquer en nageant à contre-courant. C’est là qu’elle force mon admiration. Voici deux exemples en image. Je vous laisse deviner où est Grace et où est Marilyn…

En 1953, Marilyn Monroe joue dans Les hommes préfèrent les blondes de Howard Hawks, et la même année, Grace Kelly dans Mogambo de John Ford.

En 1955, Marilyn Monroe joue dans Sept ans de réflexion de Billy Wilder, et Grace Kelly dans La main au collet d’Alfred Hitchcock.

Je parie que vous avez distingué en une seconde l’une de l’autre actrice !

À voir ces photos, une autre réalité saute aux yeux. Si Grace est toujours sublime, et n’enlève en rien la beauté de Marilyn, une élégance, une dignité se dégagent d’elle. C’est que Grace ne se pare pas d’atouts inutiles pour mettre en valeur ses charmes. En d’autres termes, elle n’est pas bling-bling et paillettes. La simplicité des coupes de ses vêtements, la « pureté des lignes » (diraient les danseuses classiques), suffisent à la mettre en lumière. Pas de robes à strass ni d’énormes bijoux. Certainement, les robes de Grace Kelly devaient coûter très cher, même pour l’époque, mais l’actrice se pare d’une sobriété visuelle, à défaut d’être pécuniaire.

Cette sobriété se retrouve aussi dans sa ligne de conduite. Grace n’a jamais fait l’objet de cancans sur des relations présumées, et tandis que les acteurs de sa génération mourraient d’overdose de médicaments ou de drogues, elle est restée vierge de tout scandale. En réalité, on sait très peu de choses sur la vie privée de Grace, y compris après son mariage. Elle s’est exprimée quelques fois sur la difficulté de s’adapter à un nouveau pays et à une nouvelle vie, mais très peu sur sa vie quotidienne. Est-ce cela qui a forgé le mythe ?

La figure de Grace Kelly fait réfléchir. Il faut du courage pour tenir bon et lutter contre l’injonction au sexy quand cette injonction fait partie de votre vie professionnelle. Il en faut d’autant plus pour maintenir une frontière nette entre vie privée et vie publique, qui-plus-est quand on a épousé un prince. À l’heure actuelle, où les stars (surtout Américaines) sont plus sexualisées que jamais et rendues presque caricaturales par la chirurgie esthétique, quid d’une jeune femme qui s’oppose au mouvement et affirme, par ses mots ou par ses gestes, une décence retrouvée ? Quand tout le monde s’affiche sur les réseaux sociaux et que des personnes croisées deux fois dans votre vie connaissent tout de vos opinions politiques, de vos dernières vacances et des dents de devant du petit dernier, qui oserait ré-affirmer droit dans les yeux la distinction entre vie privée et vie publique ?

À ce titre, ce n’est pas qu’une leçon d’élégance ou de décence que nous donne Grace Kelly. C’est également une leçon de courage et d’affirmation de ses valeurs. Alors, mesdames, osons être des ladies !