Comment se comporter à l’église ? (manuel de savoir-vivre de 1911)
La série « Bonnes Manières – Vintage » continue avec toujours le même manuel de Liselotte. Voici intégralement l’article sur le comportement à adopter à l’église.
Le texte date des années 1900.
Le Guide des Convenances, par Liselotte. Editeur P.Orsoni, Paris. 10e édition. (date approximative de 1911), p.335.
Découvrez mes autres manuels de savoir-vivre vintage dans cet article de présentation.
Comment se comporter à l’église ?
« A l’église
On doit, en entrant dans le lieu saint, en fermer la porte le plus doucement possible, non seulement pour ne pas troubler les fidèles qui prient, mais encore par respect pour la majesté divine.
Si l’on accompagne une personne à laquelle on doit des égards, on maintient la porte ouverte jusqu’à ce qu’elle soit entrée, puis on la précède au bénitier pour lui offrir de l’eau bénite, que l’on prend des deux doigts de la main droite dégantée et qu’on présente en s’inclinant légèrement.
Si l’office est commencé et qu’on ne puisse parvenir à sa place sans déranger les fidèles, on attend en bas de l’église.
A ce sujet, il faut éviter la négligence de certaines personnes qui arrivent toujours trop tard à l’église.
On se rend à sa place sans bruit et, si on doit déranger quelqu’un, il faut le faire poliment et s’excuser à voix basse.
Ne pas renvoyer une personne installée sur la chaise que vous avez louée, si l’office est commencé.
On salue d’un sourire gracieux les amis qui se trouvent sur votre passage.
On ne parle pas à l’église, à moins de nécessité : par exemple, pour offrir à sa petite amie, qui garde son livre fermé, de lui indiquer les parties de l’office ; pour demander de la monnaie pour la quête, si vous avez oublié de vous en munir.
Dans certains pays, il est d’usage de se mettre à genoux par terre au moment de l’Elévation ; mais, si l’on se trouve dans une localité où cet usage soit inconnu, il est de bon ton de s’abstenir.
Beaucoup de femmes ne vont à l’église que pour le froufrou des jupes de soie, les conversations à voix basse sur les théâtres, les réceptions, etc.
Les hommes lorgnent leurs voisines et critiques leurs toilettes.
Tout le monde se déchire à belles dents, au milieu des souries.
Lorsqu’une personne avec laquelle vous êtes brouillées vous offre de l’eau bénite, il faut l’accepter.
On ne doit point, à moins d’indispositions, quitter l’église au milieu d’un sermon.
Lorsqu’on quête, il faut le faire avec insistance, tendant la main droite et vous arrêtant un instant. Puis vous remerciez par une inclinaison de tête très légère. L’une de vos amies ne vous donne pas l’offrande que vous attendiez ? vous ne marquez ni surprise ni étonnement et continuez votre route.
En des circonstances particulières, quête pour l’édification d’une église, pour une œuvre de bienfaisance patronnée, on peut adresser quelquefois, avant, des lettres de demandes ainsi libellées :
« Madame de B…a l’honneur de faire la quête (tel jour, telle heure, pour telle œuvre), à l’église de Passy.
« Elle vous serait reconnaissante de la moindre offrande. »
Ces billets sont portés ou affranchis. On y répond en envoyant son offrande ou en assistant à la cérémonie.
Il ne faut pas conduire les enfants trop jeunes aux longues cérémonies. C’est s’exposer à des scènes déplacées ; de temps en temps, on les conduit à l’église, faire une courte prière devant l’Enfant Jésus. Cette visite devient pour eux une récompense et non une corvée.
Les ricanements, les moqueries, les haussements d’épaules, sont un absolu manque de savoir-vivre lorsqu’on est appelé à assister aux cérémonies d’un culte différent du vôtre. Témoigner une curiosité inconvenante, examiner ce qui se passe comme une scène au théâtre, est parfaitement déplacé.
A l’église, on ne donne ni n’accepte le bras, sans raisons spéciales.
Lorsqu’on rencontre un prêtre à la porte de l’église, on s’efface pour le laisser passer. Lui-même, s’il est homme du monde, refusera et vous cédera la place.
On attendra qu’il vous offre lui-même de l’eau bénite, on ne tendra pas la main la première.
Les jeunes filles peuvent offrir de l’eau bénite aux dames plus âgées. Elles n’en offrent point à un monsieur, à moins qu’elles ne le connaissent très intimement.
On peut offrir de l’eau bénite à des inconnus. »
A l’église : notes personnelles
Le fait de ne pas amener les enfants à l’église, et de leur présenter les cérémonies religieuses comme un privilège d’adultes (ou d’enfants sages) me donne à réfléchir. Bien entendu, le contexte n’est pas le même aujourd’hui. Mais tout de même, cette perspective me plaît.
(Avis d’une maman qui reconnaît que ses propres enfants ne savent pas être sages à l’église. A 2 et 3 ans… la messe est longue.)
Comment se comporter à l’église aujourd’hui ?
Voici une petite vidéo qui pourrait vous plaire :
Ah! La place des enfants à l’église… toute une histoire. Les miens ont 5 et 7 ans. Des livres les ont beaucoup aidé à rester calme. Oser être devant pour bien voir aide énormément, de fait, ma place favorite est juste devant le premier pilier : devant sans trop gêner les autres paroissiens. Viser les messes des familles/ des enfants et/ou celles où il y a un partage d’évangile adapté leur permet de vivre quelque chose également.
Avec votre autorisation, j’aimerais apporter d’autres recommandations :
– Avant l’Eucharistie, si le prêtre demande à l’assistance d’échanger un geste de paix, on se contente de se serrer la main en chuchotant « la paix du Christ ». Pas de bisous, pas d’effusion. Et on salue les connus et les inconnus autour de soi, mais on reste à sa place, même si sa meilleure copine est dans la rangée opposée.
– Lors de l’Elevation, tout le monde, même les non-croyants qui assistent à l’office (baptême, mariage, enterrement) doit marquer un signe de recueillement, même si ce n’est qu’une simple inclinaison de buste.
– Lors de la communion, si les non-croyants peuvent rester à leur place, toujours recueillis, tous les croyants doivent se rendre à la distribution de l’Ostie. Celles et ceux qui ne souhaitent pas communier iront les bras croisés sur la poitrine.
– L’Ostie est avalée en une fois, sans mastication excessive.
– Après la messe, sur le parvis, on peut aller embrasser les gens qu’on connait, et pourquoi pas, les inviter à prendre l’apéritif ensemble !
Hem, l’hostie
Très bon article, merci!