A-t-on le droit de huer à l’opéra ? (histoire vraie)
Samedi soir dernier, nous assistons avec mon mari à l’ouverture de la saison de l’Opéra de Bordeaux : La Périchole d’Offenbach.
Pour la première fois de ma vie, j’ai assisté à des huées à l’opéra.
A-t-on le droit de huer à l’opéra ?
A l’évidence, certains ont arraché ce droit-là.
Je ne savais pas que c’était permis, ou plutôt je pensais que huer à l’opéra était inconcevable dans ce milieu d’amateurs des arts.
Fort heureusement, tout s’est bien terminé.
Explications :
En nous approchant du Grand Théâtre à Bordeaux (c’est ainsi que s’appelle l’Opéra bordelais), nous entendons de la musique classique dans la rue. Rien d’étonnant à cela.
Toutefois, ce n’est pas un ou deux musiciens de rue qui font l’animation, mais bien un orchestre entier.
L’ambiance est respectueuse au possible. Grâce à de petits tracts distribués aux spectateurs improvisés, nous apprenons que les musiciens sont ceux de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine (ONBA).
Ce concert devant le Grand Théâtre est leur façon de protester contre le choix du directeur général de l’Opéra National de Bordeaux qui a fait appel à l’ensemble Les Musiciens du Louvre pour jouer à l’ouverture. Il avait fondé cet ensemble. J’image que c’est par amitié qu’il a fait appel à eux.
Par ce même tract, l’orchestre bordelais dénonce le choix d’une bande-son plutôt que de vrais musiciens lors du premier ballet de la saison, Blanche-Neige.
Nous avions également assisté à cette soirée. C’était sublime ! L’absence de l’orchestre nous avait étonnés, mais nous sommes vite rentrés dans le show.
Et donc, et donc, et donc. Où sont les huées ?
J’y viens.
Nous sommes bien installés. Les lumières de la salle s’éteignent. Le chef d’orchestre arrive. Il présente les musiciens…
Et au lieu de les applaudir, le public hue. C’est long, c’est bruyant, c’est contré par des applaudissements, etc. Un cirque.
Huer à l’opéra : expérience inédite pour moi.
Je suis abasourdie par ce que je vois et j’entends. Mon mari à mon côté est pris d’un fou rire devant ce spectacle.
Quelques cris méchants accompagnent les huées.
Le spectacle commence enfin.
Le mot de la fin :
Fort heureusement, à la fin de la représentation, au moment des salutations finales, la situation change. Les chanteurs sont applaudis, les marionnettistes, les vedettes, les metteurs en scène, le chef d’orchestre ET les musiciens de l’orchestre aussi.
Cette représentation de La Périchole d’Offenbach était magnifique. Tout le monde a fait un super travail.
Ces applaudissements finaux pour les musiciens étaient importants. Ils témoignaient bien de l’intelligence du public : l’acte du choix de l’orchestre est condamné, mais la performance et le talent des Musiciens du Louvre sont salués.
Deux autres remarques sur cette soirée :
Je ne sais si vous le savez : les musiciens sont toujours habillés en noir. Les femmes en robes noires et les hommes en costume, et a minima, en chemise noire. Le chef d’orchestre n’échappe pas à cette règle.
Eh bien, je dois saluer le fait qu’il ait gardé sa veste de costume.
Comme toujours à l’opéra, il fait très chaud. Et pourtant, il a gardé sa veste. C’est un grand signe de respect envers le public et son orchestre.
[Note : On reconnaît le public qui vient pour la première fois à l’opéra car il garde son manteau. Le vestiaire est gratuit et surtout essentiel : il n’y a pas la place pour garder son manteau avec soi dans la salle, et surtout il fait toujours TRES chaud. Le manteau est inutile.]
Seconde remarque sur le fait de porter une robe longue à l’opéra
Ce n’est pas une règle impérative, c’est davantage une tradition tacite. A New-York, à l’opéra, lors de l’ouverture de la saison de l’opéra et des ballets, il est d’usage de porter des robes longues et très chics lors des premières.
Au cours de la saison, on passe à une tenue de cocktail habillée. Mais lors des premières de l’opéra et du ballet, un grand gala suit la représentation et alors cette robe longue se justifie.
C’est un grand moment.
Samedi soir, à Bordeaux, c’était la première. Il y avait quelques femmes avec des robes longues. Elles étaient magnifiques et somptueuses. Le spectacle était aussi dans la salle grâce à elles.
Comme vous le constatez sur cette photo, je ne portais pas de robe longue ce soir-là. La raison est simple : j’en possède deux (une d’été fleurie et une d’hiver assez solennelle). Aucune ne me semblait juste pour cette soirée de mi-octobre où il faisait encore 29° à 18h.
Voilà, voilà.
Je fais rarement des articles d’« actualité ». Non parce que cela ne me plaît pas, mais plutôt parce que je suis très organisée et que mon calendrier de publications a des semaines d’avance.
Toutefois, cet article fait sens cette semaine.
Veuillez bien me pardonner le style un peu plus relâché.
Autres articles sur l’ étiquette à l’opéra ici et ici.
Bonjour Hanna
Tout d’abord, merci encore pour votre blog, qui est toujours aussi agréable et instructif, ainsi que souvent amusant…
Votre article est très intéressant. Les huées à l’opéra ne me surprennent pas, le public s’en réserve le droit : c’est arrivé à Maria Callas, et à beaucoup d’autres, comme à Roberto Alagna il n’y a pas longtemps…
J’ai s’il vous plaît une question pour vous (qui n’a rien à voir avec l’article, désolée…) :
Comment quand on n’est pas chez soi peut on demander où sont les toilettes ???
J’ai lu qu’on doit éviter de dire « toilettes » ou « wc », mais qu’il vaut mieux dire « petit coin ».
Pour ma part, je trouve cette expression très démodée, et je préfère dire « toilettes », ou selon l’endoit demander « où l’on peut se laver les mains »…
Pouvez-vous me renseigner ?
Merci beaucoup
Chaleureusement,
Monique
Bonjour Monique,
Maintenant que vous me le dites, oui, je crois ma souvenir que Maria Callas avait été huée. Merci !
Pour la question relative aux toilettes. Il me semble que le terme le plus adéquat (pour 99% des situations) soit « toilettes ». Avec les tournures suivantes selon les lieux et les personnes: auriez-vous la bonté de m’indiquer où se trouvent les toilettes, je vous prie? où sont les toilettes, je vous prie? Voudriez-vous bien m’indiquer où se trouvent les toilettes, s’il vous plaît? etc.
Le terme « wc » est correct entre proches. Mais attention à ne jamais le transformer en les « waters » (avec un horrible accent français) ou en « water-closet ». Cela sonne mal.
La question : »où peut-on se laver les mains » est bien… mais avec les bonnes personnes en face. Je m’explique : il m’est arrivé d’utiliser cette phrase. Nous étions dans la cuisine. Et mon interlocuteur m’a dévisagé avec commisération en m’indiquant le lavabo et en me faisant une tirade sur le fait que je devais me sentir à l’aise chez eux, et que je n’avais pas à demander l’autorisation pour me laver les mains.
Il était délicat par la suite de le corriger en disant que je voulais aller aux toilettes.
Le « petit coin » est également une expression à utiliser.
J’espère vous avoir quelque peu aidé avec ces explications.
Amicalement,
Hanna
Merci pour la réponse !
Monique
Il est courant en anglais de demander où l’on peut se rafraichir
Je l’utilise quand je ne suis pas avec des amis ou des proches.
Avant je demandais où étaient les commodités, mais peu de personnes comprennent du premier coup
Mais sinon, juste demander d’indiquer où sont les toilettes est approprié partout
Oui, le mot « commodités » doit surprendre 🙂
Bonsoir. J’interviens sur l’interrogation concernant les toilettes. J’ai cherché il y a quelques temps un terme correct et compréhensible pour poser la fameuse question et j’ai opté pour « sanitaires ». C’est un peu clinique mais au moins tout le monde comprend. Qu’en pensez-vous? Merci de votre réponse.
Bonjour,
Comme vous le dites, cela renvoie à un terme assez médical. Idéalement, il faut tourner la phrase en sous-entendu. Il suffit de dire « excusez-moi ». Si cela n’est pas possible, le terme de toilettes convient.
Bonjour , j’avoue avoir été choquée par votre article .Ces huées ne concernant pas la performance des artistes mais leur seule présence me semblent totalement déplacées .