Netiquette, usages et traditions : l’enseignement de Laurence Caracalla
Voici le premier manuel de savoir-vivre concernant le travail que je chronique. Le livre Le carnet de savoir-vivre au bureau est écrit par Laurence Caracalla. Les éditons sont Flammarion et Le Figaro. L’ouvrage date de 2009.
Au fil des pages, j’ai appris des choses. Je vais vous les transmettre à mon tour. Toutefois la l’impression d’ensemble est nuancée. La première plongée dans le livre donne le sentiment de perdre son temps. Est-ce moi ou la date (il y a déjà 7 ans !) ? En tout cas, j’ai eu l’impression de lire des évidences, voire des banalités. Comme si le sous-titre de l’ouvrage était « pour les nuls ». (Vous savez c’est comme quand la conseillère Pole Emploi vous tend une feuille de conseils pour un entretien d’embauche et que vous lisez « nettoyez vos ongles avant de rencontrer votre potentiel futur employeur ». Merci bien Madame, pour mon poste, j’ignorais cela.)
Je ne blâme pas l’auteure. Le livre devait certainement répondre à la demande en 2009. Mais en 2016, ce n’est pas tant que les règles soient dépassées (nullement !), mais plutôt nous n’y trouvons pas les réponses à nos questions contemporaines.
Le plus gros problème relatif au savoir-vivre dans le monde du travail est : comment gérer l’impolitesse des autres ? Or ce livre (comme tous les manuels d’étiquette) s’adresse à ceux qui veulent améliorer les choses. De fait, il ne touchera jamais les présomptueux qui polluent notre quotidien en entreprise.
La chef infecte qui hurle sur sa pauvre assistante n’aura même pas l’idée qu’un tel manuel existe. Et que dire de son collègue qui nous coupe systématiquement la parole sur un ton paternaliste. Il ne se rend pas compte du dégoût qu’il provoque. Quand à la mamie du service vente à la veille de la retraite, celle qui refuse toute ouverture sur internet alors que la nouvelle génération la supplie d’essayer ceci ou cela… elle se fiche de qui quoi où… dans 1 an 3 mois et 6 jours, c’est la retraite !
Bref, difficile de viser le bon public avec un tel livre. Par définition, il sera lu par les victimes et non les bourreaux.
Ceci étant dit, je suis tout de même contente de l’avoir lu. J’ai collecté nombre d’informations que j’ignorais. Je ne connaissais rien au déjeuner ou petit-déjeuner d’affaire. Là deux chapitres entiers révèlent les règles du jeu.
De même, j’ai enfin la réponse à une question qui me tourmentait depuis longtemps : étant donné que dans le monde du travail, les femmes et les hommes sont égaux. Une femme doit-elle se lever à l’arrivée de quelqu’un dans son bureau ? La réponse est oui, seulement si c’est un supérieur hiérarchique. Dans un contexte privé, elle resterait assise.
Un chapitre traite du dîner à la maison. Recevoir son patron chez soi… comme dans le Petit Nicolas. A mon avis, cette pratique est totalement passée de mode. Dans mon entourage je n’ai pas le souvenir que quelqu’un ait reçu son chef à la maison. Je serais très intéressée de savoir si cette pratique est courante chez vous, ou si elle n’a plus lieu d’être en 2016 en France.
Chaque chapitre de Carnet de savoir-vivre au bureau commence par une citation, je vous rapporte les meilleurs ci-après. Cela porte à réfléchir.
Enfin la meilleure partie du livre Carnet de savoir-vivre au bureau est sans nul doute la fin où l’auteur compile les usages et traditions relative au savoir-vivre dans différents pays. Cela mérite un article à part entière.
Chronique : Le carnet de savoir-vivre au bureau, de Laurence Caracalla
« Si vous vous demandez si vous pouvez appelez quelqu’un par son prénom, c’est que vous ne devez pas le faire. La familiarité est vie assimilée au mépris. » Léna Williams, « The New-York Times ». P.94
« Si vous êtes mal habillé, vous aurez beaucoup moins de travail car vous n’aurez pas non plus de promotion, de succès, de pouvoir. » Richard Templar, spécialiste du développent personnel. P.102
« Décaler un rendez-vous pour arranger les retardataires est non seulement injuste envers ceux qui sont arrivés à l’heure mais cela incite à ne pas être ponctuel. » Calvin Sun, expert en savoir-vivre professionnel. P.130
« Souvenez-vous qu’un mot de remerciements maladroit mais bien senti est largement préférable à un message parfaitement rédigé que vous n’écrirez jamais. » Anne-Marie Sabath, auteur de Business Etiquette in Brief. P.136
« L’étiquette dit que l’on doit tenir la porte aux femmes. Mais ce n’est pas obligatoire sur son lieu de travail. Vous pouvez même les offenser sans le vouloir. Dans la vie professionnelle, les hommes et les femmes sont égaux. » Susan Bryant, consultant. p.206
« Les femmes qui rompent avec la tradition et gardent leur nom de jeunes filles sont plus performantes. Ces professionnelles ont travaillé dur pour se faire connaître dans leur domaine. » Alan Lavine and Gail Liberman, journalistes au « Boston Herald »
Certaines de ces citations de Laurence Caracalla, tirées du Carnet de savoir-vivre au bureau, font réagir…
Pour un aperçu du style de l’auteur, voici l’extrait sur la fête de fin d’année de l’entreprise et les manières à y adopter
p.80, du Carnet de savoir-vivre au bureau :
« La fête de fin d’année
Si votre comportement est déplacé, votre carrière pourrait être plus courte que vous l’aviez prévu. Si vous vous conduisez avec charme et bon sens, vous pourriez bien monter rapidement les échelons.
Lydia Ramsey, expert du savoir-vivre professionnel
Vous ne pourrez pas y échapper. Vous êtes au courant depuis des semaines. Le 19 décembre à 18h30, c’est la fête de l’entreprise. Quoi que vous pensiez, il est pratiquement obligatoire d’être présent. Sinon vous passeriez pour le méprisant de service. Et soyez sûr que ce genre d’attitude ne pardonne pas ! Soyez heureux, au contraire, de trinquer en l’honneur de la nouvelle année avec votre assistant ou votre patron. Car, attention, cette cérémonie est un piège. Vous n’êtes as là uniquement pour faire le malin avec votre chef de service, vous devez aussi être des plus gracieux avec l’hôtesse d’accueil : cette soirée est organisée pour tout le monde. C’est aussi un des rares moments où l’on peut, sans passer pour un gougnafier, faire quelques compliments aux jeunes femmes présentes, remercier chaleureusement ceux qui vous ont rendu service et, éventuellement, dire au patron que l’on est content de travailler pour lui. Tout cela avec tact, délicatesse et sincérité. Vous n’êtes pas « en service » mais vous y êtes un peu quand même. Ne vous croyez pas dans une fête à tout casser chez vos meilleurs amis. Buvez une coupe de champagne tenez-vous-en là. Surtout si vous savez qu e l’alcool a chez vous des effets désinhibants : dans ce cas, vous êtes en grand danger. Gardez bine cela en tête avant d’avaler votre cinquième verre. Cela vous éviter de vous jeter sur la secrétaire du troisième pour l’embrasser goulûment sur la bouche, ou d’insulter votre confrère du second que vous soupçonnez de mauvaises intentions à votre égard. Tous les spectateurs présents seraient trop contents d’évoquer cette sacrée soirée des mois durant ! Vous deviendriez le « célèbre Martin », celui qui était complètement fait à la fête du Nouvel An. Ce genre de réputation a la peau dur, et plus personne ne vous prendra au sérieux. Comment faire preuve d’autorité avec vos subordonnés s’ils vous on t vu danser le cha-cha-cha, torse nu avec la jolie blonde du service voisin ?
Soyez égal à vous-même, juste un peu plus souriant et un peu plus affable. Evitez comme la peste le collègue qui vous paraît un peu pompette : vous risqueriez d’entendre des confidences gênantes. Si l’on vous présente de nouvelles têtes, c’est même l’occasion de nouer des relations utiles. Montrez donc à ces inconnus que, dans n’importe quelle situation, vous êtes digne, sympathique, curieux. Bref, le collaborateur parfait avec qui tout le monde rêve de travailler ! »
Aouch! La dernière citation fait mal ! J’ai changé mon nom après le mariage, je ne me sens pas moins compétente pour autant. Je comprends la pensée de l’auteur mais c’est pas très agréable à lire!
Bonjour Charlotte,
J’ai eu ce même sentiment en lisant la citation. Cela fait mal à entendre. J’ai ruminé cette affirmation pendant plusieurs jours en silence/colère froide. Je dois avouer que je comprends le propos des auteurs, mais qu’il a ses limites. Affaire à suivre…
Bonne journée !
Déjà, on ne dit pas »nom de jeune fille » mais »nom de naissance ». Cette appellation m’agace au plus haut point.
Pour le propos de l’auteur, il faut se mettre dans le contexte américain où les femmes oublient carrément leur propre nom au profit de celui du conjoint. Tous leurs papiers portent le nom exclusif du conjoint et il faut leur poser 3 fois la question avant qu’elles comprennent qu’on demande leur nom et pas celui du mari Ça revient à s’effacer totalement. En France c’est un peu différent. On reste toujours Mme machin épouse tel. On ne fait pas disparaitre son nom. Une femme qui est connue et reconnue pour ses travaux ne va pas s’amuser à changer du jour au lendemain de nom; c’est en cela qu’elle parle de femmes performantes. Pas que celles qui changent de nom ne le soient pas. Mais celles qui n’en changent pas sont déjà des femmes performantes et c’est pour cette raison qu’elles n’en changent pas.
Bonjour Valentine,
Vous avez raison de me corriger, l’expression « nom de naissance » est bien plus juste que « nom de jeune fille ». Je vais l’adopter.
Vos explications apportent une bonne lumière sur la situation. Merci pour cela !
Bonne journée,
Je tout à fait d’accord avec vous.
Je suis tout à fait d’accord avec vous.