La règle de confidentialité des secrets est-elle valable avec chéri(e) ?

Les temps ont changé. Autrefois, les secrets étaient confidentiels. (C’est même une tautologie que de dire cela.) Aujourd’hui, la société a tellement évolué que le mot « secret » a réellement perdu de sa résonnance.

Dans l’Antiquité, la parole donnée valait engagement. Jusqu’au Moyen-âge, la parole est sacrée. Avec l’époque moderne et l’alphabétisation de la société, l’engagement se valide par un écrit. La parole perd de la valeur au profit de l’écrit.

A l’époque contemporaine, même cet engagement-là est quasiment perdu. Embauchez les meilleurs avocats, et ils délieront tous vos liens. Votre signature peut donc être décollée de n’importe quel contrat. Et nous le savons tellement bien que nous ne prenons même plus la peine de lire les dizaines de pages écrites avec une police inférieure à 8. Sachez que je ne juge pas, je m’inclus dans le « nous ».

Une autre forme d’engagement est le secret. Suit-il la même pente que son voisin ?

La règle de confidentialité des secrets est-elle valable avec chéri(e) ?

• « Je te dis ça, mais tu le gardes pour toi. »
• « C’est un secret, surtout ne le répète pas. » (oui, il faut préciser maintenant à son interlocuteur de ne pas propager la confidence. Vous imaginez-vous le roi de Louis XIII demander à son interlocuteur de ne pas répéter son secret ?)
• « Cela reste entre nous deux. »

Ces phrases, nous les connaissons tous. Nous les utilisons et nous les entendons au quotidien. Et pourtant très rares sont les personnes qui gardent réellement les secrets en leur cœur.

Au nom de l’amitié et de l’amour, nous divulguons tout. Sous prétexte d’honnêteté, nous ne cachons plus rien. Nous oublions que les secrets des autres ne nous appartiennent pas. Se révéler intégralement à son ami(e) ou à son/sa partenaire est une chose (bonne ou mauvaise, peu importe, ce n’est pas la question du moment), mais trahir les confidences d’autrui est grave.

Combien de fois nous arrive-t-il de considérer notre compagnon comme un prolongement de « nous » ? dans le sens où il peut être mis dans la confidence.

Trop de fois.

Ladies et gentleman, une fois que vous avez raccrochez le téléphone, ne divulguez pas à votre moitié les parties strictement personnelles de la conversation.

Cela paraît anodin, dit ainsi. Alors pour mieux comprendre le sentiment de trahison que cela représentant pour le confident, imaginez-vous la scène suivante. Vous êtes invité à dîner chez un couple d’amis, et à l’apéritif, le conjoint de notre meilleure amie vous glisse discrètement (et plein de bonne volonté) : « même s’il dit qu’il est trop tôt, il sera ravi d’un second enfant » ou « profite de ta pause-déjeuner au travail pour sympathiser avec ce Bob, joue à la gentille, ne le laisse pas prendre tes clients », ou encore « si Lucas te plaît, je peux lui passer ton numéro »…

Conseil de politesse :

Si vous savez des choses que vous devriez ignorer (voire des choses que vous ne savez pas si oui ou non vous avez le droit de connaître — cela se complique), faites semblant de ne pas être au courant. Laissez à votre interlocuteur la liberté de partager avec vous ses secrets.

Je suis réellement intéressée par l’évolution du secret et de la confidentialité dans le futur. Ces mots vont-ils disparaître selon vous ?