Tickets de rationnement et réception : quand convient-il de les donner à ses hôtes ?
Le sujet du jour m’était ignoré lorsque j’ai créé le blog Apprendre les Bonnes Manières. Ce n’est que récemment, en lisant le livre de Marc de Saligny, intitulé Précis des Nouveaux Usages, que j’ai réalisé l’importance de cette question dans les années 1940 en France.
Les références exactes du livre sont les suivantes : Précis des Nouveaux Usages, Marc de Saligny, Editions Prisma, Paris, 1948.
Ce manuel de savoir-vivre est composé sous forme d’abécédaire. Plusieurs entrées sont présentées pour chaque lettre.
Voici le texte dans son intégralité.
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« Les tickets de rationnement
On souhaite que l’inutilité de ce paragraphe apparaisse le plus tôt possible à nos compatriotes ; mais comme les tickets sont encore en vigueur, et sans doute pour de nombreuses années, voici les règles qui, à ce sujet, ont été élaborées pendant l’occupation.
A des amis qui vous inventent à déjeuner ou à dîner, soit chez eux, soit au restaurant, vous devez spontanément leur proposer des tickets, afin de leur épargner l’embarras de vous les demander.
Si vous avez oublié d’apporter vos tickets, vous devez les faire déposer, dès le lendemain matin, chez eux, avec une formule d’excuse écrite sur une carte de visite, le tout sous enveloppe.
Toutefois, à une personne qui vous invite pour la première fois, abstenez-vous de lui proposer des tickets ; d’ailleurs, en acceptant son invitation, ne vous engagez-vous pas à la lui rendre ?
De même, pour un peu vraisemblable grand dîner réunissant de nombreux convives, ou pour une cérémonie telle qu’un lunch de mariage, ne vous enquérez pas de donner des tickets au maître de maison ; il se sera fourni au marché noir…
Au restaurant, vous devez apporter, non seulement vos tickets de pain, mais aussi votre carte de matières grasses ; dans les restaurants du marché noir, la carte de pain, seule, suffit. »
Résumé :
- Lors d’une première visite : jamais de tickets de rationnement
- Lors d’un mariage : pas de tickets de rationnement
- Au restaurant : oui
- Chez des amis de longue date : oui
Anecdote personnelle :
A l’époque communiste de la Pologne, mes parents ont connu la triste réalité des tickets de rationnement et du marché noir. Dans ma famille (comme dans toutes les familles polonaises), les anecdotes ubuesques sur ce monde-là sont encore bien en mémoire. Heureusement, l’humour panse ces souvenirs.
Anecdote personnelle : lorsque je suis née, mon autorisation de sortie de la maternité s’est jouée contre une bouteille de vodka (du marché noir, bien entendu). Depuis, avec humour, dans ma famille on a toujours limité ma valeur à ce produit : « Hanna a été échangé contre une bouteille de vodka ».
30 ans plus tard, mes frères et sœurs considèrent que c’est même surestimé. « Elle ne la vaut pas, cette bouteille » disent-ils aux parents « vous vous êtes faits avoir ».
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